Voici quelques récits de voyages rédigés avec les spécifications suivantes:
“Le contenu récit de voyage peut porter sur une destination proche ou lointaine – ou d’une expérience vécue lors d’un voyage. Le récit doit être centré sur un lieu spécifique (un temple, un musée, une plage, un parc, etc.), décrire le ressenti de l’auteur dans ce lieu et exposer les raisons pour lesquelles ce lieu lui est devenu spécial. On peut inclure des recommandations pour les autres voyageurs. Le récit doit impérativement comporter entre 2 500 et 3 000 signes (espaces compris).”
J’ai choisi de rédiger des textes sur l’Ecosse, une région que j’apprécie beaucoup. Ils montrent une petite partie de la palette de textes que peut vous proposer Kōmon.
Les Jardins d’Inverewe en Ecosse, juillet 2017
Les Jardins d’Inverewe se situent au nord-ouest de l’Ecosse, assez au nord pour qu’en été la nuit ne soit jamais complètement noire.
Créés à partir du 19e siècle, sur un coin de rocher alors désolé, différentes espèces botaniques et essences forestières du monde entier y cohabitent, bénéficiant de la douceur du Gulf Stream. Ce 15 juillet 2017, les jardins étaient battus par la pluie et le vent, à en perdre l’équilibre dans les rafales et être trempée jusqu’aux os ! C’était pourtant étonnamment paisible et seule dans le parc avec le goût des embruns, le bruit du vent, la pluie comme une douche, je me suis sentie sereine. Au milieu des séquoias géants, incongrus en Europe au nord du 57e parallèle et cependant étonnamment à leur place ici, j’étais proche de la nature et de moi-même, dans une sorte d’état méditatif.
La maison d’Inverewe située au milieu du parc n’est pas un musée classique. On entre, au chaud et au sec, chez Osgood Mackenzie et sa fille Mairi, les créateurs des jardins. Le thé et les revues attendent devant le feu, des fleurs illuminent le salon et déjà le regard se perd à nouveau dehors à travers le grand bow window. Traversant les différentes pièces, on découvre leur goût de la nature et de la cuisine. Je ferai d’ailleurs bientôt ce gâteau au chocolat selon la recette de Mairi. Petits et grands admirent les malles anciennes et leurs étiquettes en guettant la sonnerie du téléphone surprise. On apprend comment le jardin a évolué, les relations avec la communauté locale de Poolewe, interloquée puis convaincue par la vision d’un homme qui apporta le sol, attendit que les premières essences poussent puis amena plus de 2500 espèces végétales. Enfin on repart avec des graines des jardins pour les replanter chez soi, un souvenir vraiment poétique.
Les Jardins d’Inverewe m’ont marquée par leur caractère aménagé par l’homme parmi la sauvagerie des éléments. J’ai compris avec la force de la tempête et la solidité des arbres l’obstination créatrice animant ce lieu. J’ai savouré les couleurs des fleurs dans la luminosité étrange et j’espère revenir un jour ensoleillé découvrir d’autres teintes, leurs odeurs, peut-être apercevoir un phoque sur la côte ou un écureuil dans un arbre ! Je ne sais pas si je retrouverai alors cette impression de paix malgré la tourmente mais chaque visite de ce parc permet de contempler d’autres plantes, d’autres points de vue et d’autres aspects de soi-même.
Conseils: On pense à la veste étanche coupe-vent et pour les quelques fois où il pleuvra vraiment (3 jours sur 21 de road trip pour ma part), le sur-pantalon imperméable est indispensable. Cela évitera de faire sécher votre jeans trempé jusqu’à mi cuisses avec un sèche-cheveux ! La boutique en vend, donc y passer si besoin avant la visite.
Pour manger au chaud, les cafétérias des Visitor Centres proposent des repas de qualité, avec des
spécialités locales et des produits de saison. Il y a toujours des menus enfants avec différents choix
possibles, une bonne occasion de tester la jello!
Le château d’Urquhart en Ecosse, Juillet 2017
Il y a très peu de lieux vraiment envahis par les touristes en Ecosse et après un tour des Highlands, le passage par le Château d’Urqhart avant d’arriver à Inverness était déconcertant, comme un retour à la civilisation trop rapide. Le paysage déjà, verdoyant, avec des meules de foin dans les champs, un retour à un passage d’été familier en Europe continentale aussi après plus de deux semaines parmi les lochs, la lande, la bruyère et les paysages accidentés. A l’approche de Drumnadrochit et du château lui-même soudain le trafic se densifie: beaucoup de voitures, de cars. Un chevreuil dérangé ou peut-être juste enchanté du soleil radieux qui régnait ce jour-là a même traversé devant la voiture.
Le château d’Urquhart, sur les rives de Loch Ness, c’est un peu l’idéal type du château écossais, un incontournable. Quand on va à Paris la première fois on aimerait avoir la force de caractère de zapper la Tour Eiffel, et puis on finit par aller faire la queue en râlant et au final, difficile de nier son émotion! Quand on est à quelques kilomètres d’Urquhart, il en va de même, l’attraction est trop forte! J’ai par contre renoncé au Visitor centre bondé sur le monstre du Loch Ness situé à Drumnadrochit pour aller directement au château. En ruines depuis le 17e siècle, il se visite dans sa configuration actuelle avec son grand Visitor Centre depuis 15 ans. La maquette du château reconstitué permet de s’imaginer la vie au sein de l’édifice à l’époque de sa splendeur. On retrace aussi l’histoire du site depuis le 6e siècle.
Il y avait beaucoup de monde également mais l’on pouvait découvrir et explorer les ruines du château avec une relative fluidité. Le soleil, dans un ciel sans nuages, nous a permis de découvrir le site d’une façon bien éloignée des photos habituelles de brouillard et de pluie. La lumière se reflétant sur le lac d’une façon presque méditerranéenne illuminait tout et même l’enfant de presque 5 ans calée dans mon dos trouvait que la vue était magnifique. Les panneaux didactiques permettent d’avoir un aperçu de l’histoire palpitante de ce château au coeur des turbulences écossaises depuis le 13e siècle.
Au sommet du donjon, profitant de la vue sur l’entier des ruines du château et sur le Loch, en regardant l’un des bateaux d’exploration permettant de recherche le fameux monstre du Loch Ness, j’étais presque tentée moi aussi de l’emprunter et de participer à ce folklore touristique. Mais en me retournant, j’ai aperçu l’un des vieux amoureux que je voyais déambuler depuis le début de la visite. L’un prenant une photo de son compagnon de toujours en cachette, dans les vestiges inondés de lumière, le visage et les yeux si plein d’amour que je me suis dit que si l’on ne pouvait être sûrs pour le montre, le château d’Urquhart voyait toujours passer de belles amours, à toutes les époques et à tous les âges. Insider tip: A Urquhart, la statue de cerf en bronze dans un coin de la salle de la cafétéria du Visitors’ center plaît beaucoup aux enfants.
Le champ de bataille de Culloden, Ecosse, juillet 2017
Je l’avoue en confidence, je n’avais jamais entendu parler de la révolte jacobite avant de tomber un soir d’ennui sur la série Outlander. Je me suis ensuite intéressée aux romans et surtout à cette période dont j’ignorais tout. Si je n’avais pas depuis longtemps déjà décidé de visiter l’Ecosse, je crois même que cela aurait achevé de me convaincre! Il s’agit donc d’une série de révoltes dans la première moitié du 18ème siècle, visant à rétablir la lignée des Stuart sur les trônes britanniques. C’est à Culloden que cela se termine avec la victoire des troupes du Duc de Cumberland.
Après un grand road trip dans les Highlands je suis donc arrivée à Inverness. Le site de Culloden est très proche de la ville et accessible facilement. Il faisait relativement sec mais très venteux ce jour-là et un joueur de cornemuse à l’entrée du Visitor Centre achevait de rendre l’ambiance tout à fait adéquate pour la visite d’un champ de bataille tragique, mais ne le sont-il pas tous? La visite commence par l’exposition du Visitor Centre. La muséographie est très bien pensée et permet de comprendre les deux visions s’opposant alors autour de l’Ecosse ainsi que le contexte européen.
J’avais beau connaître l’issue de la bataille du 16 avril 1746 à Culloden, j’ai été prise par la montée du suspense induite par la présentation des faits et des objets (armes vêtements et autres effets personnels…). L’inclinaison du sol et les ouvertures sur la lande font culminer cette expérience dans le théâtre immersif, à déconseiller aux enfants et aux âmes sensibles. Je me suis en effet retrouvée dans une salle relativement petite avec des écrans sur les 4 murs, avec l’impression d’être au coeur de la bataille, entre les Jacobites et l’armée britannique. J’ai ressenti très fort les sons et les cris, la mêlée des corps, le sentiment de désorientation et de peur et en suis sortie sonnée. Le passage ensuite à l’extérieur sur la lande balayée par le vent n’en est que plus impressionnant et l’on entend presque les échos de la bataille dans les bourrasques tourbillonnantes.
Plus que le grand cairn commémoratif, les pierres aux gravures presque effacées par les éléments portant le nom des clans qui ont combattus m’ont profondément touchée. Je n’ai pu m’empêcher de me demander quel visage aurait l’Ecosse aujourd’hui si les jacobites avaient gagné la bataille ou si elle n’avait pas eu lieu. En effet, les répressions qui ont suivi ainsi que l’exode induit suite à la modification profonde du système agricole ont totalement bouleversé l’équilibre économique et démographique de la région. Le mode de vie a été profondément transformé et les paysages seraient également différents, en termes de cultures agricoles et d’élevage. Je ne sais pas si les fans d’Outlander qui déposent des fleurs sur la stèle du clan Fraser y pensent, mais Culloden est l’un des rares lieux que je connaisse où l’on sent le caractère décisif de la bataille qui s’y est tenu, pas seulement dans l’histoire écrite mais dans la chair.